Les phobies

Le terme de la  phobie est fréquemment utilisé dans la langue courante, pour évoquer la frayeur, la terreur, l’effroi le dégoût,  la répulsion… de certains objets  ou certaines situations dont le caractère est irrationnel.

Rappelons que la peur est une émotion primaire qui apparaît à la naissance, il s’agit de peur archaïque. Ainsi la première enfance (Henry Ey, 1974) est marquée par : la peur des gros animaux (cheval, chien, loup, lion…), ces animaux sont imaginés comme menaçants (dévoration, poursuite…) comme l’illustre le célèbre cas de Freud (le petit Hans). La deuxième enfance est marquée par la peur des petits animaux (araignées, souris, serpents, insectes…) éprouvée comme une atteinte à l’intégrité corporelle.

Au fur et à mesure du développement psychologique et de la maturité psycho-affective,  la plupart de nos peurs se dissipent et certaines disparaissent.

Mais quand la peur assiège nos pensées, nous maintient prisonnier, inhibe nos conduites et nos comportements, limite notre liberté, notre pleine conscience s’éclipse et ne peut s’octroyer le droit du dépassement. Les anticipations anxieuses vécues comme menace de mort, de perte de la raison et du self contrôle, augmentent  les attaques de panique et renforcent  les évitements des situations redoutées.

Cette peur irrationnelle est entretenue comme menace extérieure et insécurité intériorisée.

Il est important de souligner que 12,5% de la population générale souffre de phobie au cours de sa vie. En tant que symptôme, cette peur est caractérisée par une systématisation de l’angoisse sur des personnes, des choses des situations ou des actes qui deviennent l’objet d’une terreur paralysante. Une simple représentation mentale de la situation redoutée suffit à entraîner des réponses émotionnelles objectivement mesurables par des méthodes d’enregistrement psychophysiologiques (Cottraux, 1989).

La situation phobogène entraîne de l’anxiéte, de l’angoisse, des attaques de panique et des réactions de fuite.

ETUDE DIFFERENTIELLE

L’isolement de la phobie  remonte à la seconde moitié du XIXème siècle : on a d’abord établi qu’une phobie en tant que crainte irrationnelle peut-être séparée des états délirants. Les études psychiatriques s’attachent à décrire les multiples formes cliniques de peurs obsédantes  :- les  phobies d’objet tenue pour dangereux, menaçant ou provoquant la répulsion (couteaux, ciseaux…),

– Les phobies des lieux (espace découvert, obscurité, orage…),

– Les phobies d’animaux (chiens, araignées, serpents, pigeons…)

– Les phobies de transports (voiture, métro, tunnel, mer…).

En 1903, P. Janet  regroupe les différentes phobie sous le nom de psychasthénie, dont la caractéristique principale relève d’une baisse de la tension psychologique qui perturbe l’adaptation au réel et qui favorise l’irruption dans la conscience de phénomènes de niveau plus archaïque.

Les modèles issus de l’approche cognitive insistent sur les perturbations du traitement de l’information chez les sujets phobiques, ceux-ci n’ont pas développé de signaux de sécurité ou ont acquis précocement des “schémas cognitifs de danger” stockés dans la mémoire à long terme et qui vont systématiquement sélectionner l’information en retenant uniquement dans le monde extérieur ce qui a trait au danger (Cottraux).

– Les prédispositions individuelles (étude de Rachman, 1983) : des individus soumis à des circonstances pénibles ou dangereuses ne développaient pas de phobie. Ces sujets seraient pourvus d’un bon équipement cognitivo-émotionnel et physiologique.

– Les prédispositions phylogénétiques : les phobies “préparées” : ce sont des phobies qui correspondent à des comportements qui ont une valeur fonctionnelle pour assurer la survie de l’individu et de l’espèce comme éviter les animaux, les lieux inconnus, l’obscurité… Cette anxiété vis à vis de cette situation ferait partie d’un inconscient collectif.

– Le conditionnement classique : Les phobies seraient acquises par conditionnement classique et maintenues par le conditionnement opérant qui est un apprentissage par  les séquences de l’action. Le phobique qui évite apprend à éviter son angoisse par l’évitement de la situation.

Si ces modèles théoriques se proposent d’identifier les causes, les phobies en tant que  symptômes ont été cliniquement identifiées par la survenue : d’une peur irrationnelle et des réponses neurovégétatives.

Ces réponses neurovégétatives sont : tachycardie, tremblement, sudation, pâleur, sensation d’évanouissement, jambes en coton, étourdissement, barre gastrique, constriction laryngée…

Ces réponses neurovégétatives se manifestent lorsque le sujet se trouve face à la situation phobogène redoutée.

-CLASSIFICATION DES PHOBIES

PHOBIE DE L’ESPACE : Peur de sortir ou angoisse des rues, de la foule, des transports en commun, des espaces découverts (agoraphobie) et des espaces clos (claustrophobie).

PHOBIE SOCIALE : Ce sont les relations avec autrui (individuelles ou collectives) qui sont l’objet d’une angoisse panique : peur de rougir, de prendre la parole en public, de déglutir, d’écrire, de regarder, d’être regardé, de parler…

PHOBIE SIMPLE : Il s’agit de phobie isolées en général, phobie d’animaux (chiens, chats), d’insectes (araignées), d’oiseaux, de reptiles, du sang, des hauteurs… Si la probabilité de rencontre avec l’objet phobogène est peu probable, on peut vivre avec sa phobie.

LES TRAITS DE PERSONNALITE

La personnalité phobique est caractérisée par :

– L’immaturité du Moi,

– L’hypersensibilité aux frustrations,

– Un état constant d’alerte avec une attente anxieuse,

– La crainte d’être confronté à ses émotions,

– L’inhibition comportementale (peur des nouvelles situations),

– La suggestibilité, l’avidité pour toute gratification pousse le phobique à se mettre dans le champ du désir de l’autre.

LES CONDUITES CONTRA-PHOBIQUES DE REASSURANCE : Il s’agit souvent d’une personne proche qui est investie du rôle contra-phobique : ami (e), mari, compagne…

On retrouve également chez de nombreux phobiques des objets investis symboliquement :

– Formules utilisées : litanie,

– Médicament qui traîne au fond du sac,

– Alcool… Ces objets agissent comme facteur de sécurité : chercher la sécurité en dehors de soi en réponse à la permanence de cette insécurité intérieure.


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