La dépendance affective

Quand nos peurs se transforment en angoisse, en anxiété, en obsession, en fixation sur les autres,  nous nous sentons perdus et sans vie. L’insécurité intérieure nous menace et augmente le spectre effroyable  de la déperdition de soi.

Ce besoin de s’en remettre à l’autre,  à quelle cause pouvons-nous le relier ?

Les théories de bowlby, winnicot et spitz, élaborées à partir de cas cliniques apportent un éclairage sur l’attachement désorganisé dans l’enfance  à savoir : l’ indifférence affective, le manque d’assurance, le manque de renforcement,  la fusion mère-enfant, la maltraitance, la violence corporelle, la séparation…  Ces traumatismes précoces laissent derrière eux une empreinte  indélébile au niveau corporel et psychique. Toutes nos cellules  se rappellent (D. Vincent).

C’est ainsi que l’organisation psychique dans ses divers développements gardera la mémoire de ce vécu et peut en fonction des fragilités de chacun(e) s’exprimer par une symptomatologie. Ainsi  la dépendance affective peut s’expliquer par une perte d’autonomie psychique. L’accent est mis sur l”idéalisation de l’autre. Ici le Moi s’identifie à l’objet surestimé, il “introjecte” l’objet  après l’avoir paré de toutes les qualités qu’il s’était, en un premier temps, flatté de posséder lui-même.

L’idéalisation de l’autre. Cette quête incessante de s’en remettre à l’autre, de s’autoriser à travers l’autre repose sur :

 l’inhibition de la pensée : C’est la pensée dans cette entité psychologique qui se refuse de penser.

– Le désir d’auto-aliénation : par la recherche d’aide et de protection auprès d’autrui,  pour toute forme de décision.

– Ces deux entités (inhibition et aliénation) sont l’expression du manque de maturité et d’autonomie affectivo-émotionnelle.

Comme nous le savons, toute pensée se construit sur le mode de l’autonomie et la préservation psychique : la quête permanente d’être soi, d’exprimer ses choix, ses décisions, ses ressentis, ses émotions, ses désirs… sont  autant de modalité  d’expression de la personnalité appelée la structure logique du moi ou capital  intellectuel de l’individu (P. Aulnier). Ainsi l’individu devient artisan de son système de valeurs logiques. Dans la dépendance affective, cette liberté d’être et d’agir est entravée par un état d’angoisse et d’anxiété où domine la peur panique d’être rejeté, jugé, abandonné… et surtout un état d’angoisse quasi permanent face à n’importe quelle situation anxiogène. Si l’on se réfère au DSM IV (éd Masson, 2004), on constate que la majorité des critères concernent le comportement, à savoir un comportement dépendant et soumis apparaissant au début de l’âge adulte et présent dans des contextes divers, comme en témoignent au moins cinq des manifestations suivantes :

Est  incapable de prendre des décisions dans la vie de tous les jours sans être rassuré ou conseillé de manière excessive par autrui,

Laisse  autrui prendre la plupart des décisions importantes à sa place par exemple où habiter ou quel emploi prendre,

Se montre d’accord avec les gens, même quand il/elle pense qu’ils se trompent, par crainte d’être rejeté(e),

A du mal à mettre en route des projets ou a faire des choses seul(e),

Se porte volontaire pour faire des choses désagréables ou dévalorisantes pour se faire aimer par les autres,

Se sent annihilé ou impuissant quand une relation s’interrompt,

Est fréquemment préoccupé par la crainte d’être abandonné,

Est facilement blessé quand il est critiqué ou désapprouvé par autrui.

Nous pouvons dire que cette perte d’autonomie psychique, cette  inhibition comportementale, cette castration symbolisent, non seulement interdit l’accès à la pensée rationnelle, à la pensée logique et par conséquent, d’édifie comme un obstacle à l’accès et à l’unification de soi, pour la connaissance de soi afin d’être soi.


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